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POÈME 200










Ma voix, tu sais, ce n’est pas moi.
Il manque toujours deux tiers.
Deux tiers de moi
que tu ne perçois pas
bien que je semble entière.

Je suis fille de l’exil
et des nombreuses cultures
qui ont nourri mes phrases
et construit mes blessures.

Et lorsque je parle,
si je n’use qu’une langue,
il y a toutes les autres
qui frappent à la porte.

Ils disent qu'il faut choisir.
Ils veulent ne garder
qu’une partie de moi-même.

J’ai grandi comme ça,
avec ces multiples voix
qui me répétaient sans cesse
tu n’es pas Française,
tu n’es pas Argentine,
tu n’es pas Italienne,
tu n’es pas d’ici ou
tu n'es pas d’ailleurs,
tu n’as pas de racines, de patrie, de maison.

J’ai grandi partout, mais aussi nulle part,
sans définition, sans étiquette.

J’ai grandi comme j’ai pu,
fragile, tordue, indéfinie, floue.

Je suis maintenant une femme,
fragile, tordue, indéfinie, floue.

Et ce n’est pas facile tous les jours.

Samantha Barendson (ARGENTINE/FRANCE)


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